Les clés de la psychosomatique

ARTICLE DE CHANTAL FEUGNET PARU DANS LA REVUE BIOCONTACT EN MAI 2007 et dans la revue L'Envol à Gatineau Québec en octobre 2009

016.JPG LES CLES DE LA PSYCHOSOMATIQUE

Comment être bien dans son corps quand celui-ci nous fait souffrir, quand des angois­ses oppressent notre poitrine, quand toutes sortes de maux l’assaillent

Le conflit s'établit quand, d'un côté, nous voulons adopter une certaine attitude dans une certaine situation et quand, dans l'action, nous faisons le contraire. Par exemple, quand je veux dire à mon chef que je ne peux pas traiter ce nouveau dossier qu'il vient de m'apporter, et que je me suis vu l'accepter sans rien dire. Il y a là un conflit intérieur avec moi­-même, je m'en veux de' me comporter de la sorte, je sens un mal-être s'installer en moi car je ne sais pas pourquoi j'agis ainsi.

En fait, il faudrait plutôt dire que je réagis. Oui, car il s'agit là d'un mode de comportement que j'utilise depuis très longtemps, mais dont je n'en connais plus la cause, et que je répète. Agir, c'est déci­der consciemment d'une action. Dans ce cas, j'ai répété ce que l'on appelle un réflexe conditionné, un mécanisme de survie.

Le mécanisme de survie prend sa sour­ce dans l'enfance, à une époque où nous n'avions pas toute la connaissance, tous les moyens de notre intelligence, notre rationnel n'était pas encore construit. Cependant nous avons dû décider de l'attitude à adopter face à nos parents ou nos éducateurs. A l'époque, nous croyions être en danger, ou peut-être l'étions-nous vraiment. Et cela s'est impri­mé dans notre mémoire avec toutes les émotions que nous avons vécues à ce moment-là.

Si, pour reprendre mon exemple, j'ai eu un père très autoritaire, qui ne sup­portait pas que je puisse lui répondre, ou lui dire non et que face à lui je me sois soumise, c'est ce comportement que j'ai mémorisé. C'est donc ce comportement que mon système limbique va me faire rejouer, car l'enfant en moi assimile mon chef à l'autorité de mon enfance. C'est donc l'enfant en moi qui va réagir, ce n'est pas l'adulte que je suis devenue qui a décidé de l'action à adopter. Mais j'ai oublié tout cela...

 Le corps exprime nos souffrances

Comme je ne sais plus à quoi imputer mon attitude, je vais refouler les émotions que je viens de vivre. Et cela va se répéter souvent. Et si nous n'exprimons pas nos émotions, nos sentiments avec des mots, ceux-ci s'exprimeront à travers notre corps, pouvant se traduire, au fil des ans, par des maladies de plus er plus graves.

Le soma, ou le corps, exprime par des maux ce conflit inconscient, ce qui a été imprimé dans le psychisme. Et ce malgré notre volonté de faire autrement. Une dualité se manifeste entre notre corps et notre volonté, ainsi l'harmonie est rompue.

Pour être bien dans notre corps, il faut rétablir cette harmonie. Comment ? Pour cela nous devrons retourner dans cette mémoire pour y opérer une transforma­tion. Notre corps exprime avec la maladie ce qu'il ressent, mais ce n'est pas lui qui décide des changements. Nous ne pouvons pas effacer le passé mais nous pouvons y apporter des modifications.

Tout d'abord, nous devrons identifier ce qui est en lien avec le malaise ou la maladie dont nous sommes affectés maintenant. Pour cela, nous nous servi­rons du symbolisme du corps humain. Ce n'est pas par hasard que notre corps exprime ses souffrances. L'organe affecté nous donne des informations sur la nature de notre conflit. C'est par une série de questionnements que nous dépisterons la cause profonde de celui-ci.

 

 Rechercher la cause

Prenons l'exemple de Sophie qui a une tendinite au bras droit. Nous allons com­mencer par quelques questions : à quoi sert cette partie du corps ? Qu'est-ce que ce malaise l'empêche de faire ? Quel bénéfice en tire-t-elle ? Quand les symp­tômes ont-ils commencé ? Quel évène­ment a-t-elle vécu à ce moment-là? A quoi pouvons-nous le relier dans notre enfance ? Ce questionnement pertinent va nous aider à identifier la cause.

La tendinite est une détérioration microscopique compromettant la solidité des tendons. Celle de Sophie a débuté il y a un mois. Que s'est il passé dans sa vie à ce moment-là ? Elle venait d'apprendre que le poste qu'elle occupe aujourd'hui ne serait pas reconduit l'année prochaine. Sophie est très en colère, elle se sent trompée et trahie. Elle va jusqu'à militer avec ses collègues contre l'Etat. Durant le questionnement, elle prend conscience qu'elle ressent, dans cette situation, la même chose que dans son enfance avec son père.

 

  parallèle entre l'autorité de son père et l'autorité de l'État. avec son père Mais elle est aussi en colère contre elle-même car elle s'est aperçue qu'elle s'était trompée d'orientation, et que jusque-là, elle se croyait obligée d'assumer son choix, et donc cette situation, qu'elle ne veut plus..Celui-ci lui faisait des promesses qu'il ne tenait jamais. Sophie fait le

A partir de là, nous allons chercher par quoi nous remplacerons ce qui sera relâché. Nous devons comprendre pour­quoi nous avons adopté ce mécanisme de survie, et donc savoir quelle attitude, aujourd'hui, nous pourrions utiliser en pareilles circonstances.

Sophie comprit qu'elle avait fait ce choix à une époque où elle n'avait pas tous les éléments pour mieux s'orienter, mais pas seulement. Elle décida donc de renouer le dialogue intérieur avec l'ado­lescente qu'elle était à l'époque où elle fit ce choix. En fermant les yeux, elle se revit au lycée, quand elle avait pris sa décision, elle s'approcha de cette adolescente et lui parla doucement avec tendresse. Sophie avait compris qu'à cette époque elle avait cru ne pas avoir d'autres solutions, mais pour l'adulte qu'elle était devenue c'était différent. Aujourd'hui, Sophie a de nou­veaux éléments en mains, elle sait qu'il existe une formation qui peut lui permettre de changer d'orientation et de faire enfin quelque chose qu'elle aime vraiment. Elle décida, sur le champ, de s'inscrire à cette formation. Elle comprit aussi, que si elle avait raté son bac, c'était parce qu'elle était, à ce moment-là, très en colère contre son père et qu'elle, pensait ainsi le punir. Elle se pardonna à elle-même ainsi qu'à son père. Dans les jours qui suivirent, ses douleurs au bras avaient disparu.

Nous rétablirons le dialogue intérieur et nous remercierons cet enfant en nous, ainsi que notre corps, d'avoir fait de leur mieux pour nous protéger. Car derrière notre choix de comportement, à l'épo­que, se cachait le bénéfice que nous avons tiré, jusqu'à maintenant, à être ainsi affecté. Nous devons donc trouver un bénéfice supérieur avec notre nouveau mode de comportement. Selon la gravité de notre maladie, nous serons peut-être amenés à prendre des directions différen­tes dans notre vie.

Il va de soi que consciemment nous ne pouvons plus tirer de bénéfice à être malade, car le danger que nous courons, aujourd'hui, est bien plus grand que celui que nous encourions autrefois. Il existe toujours une solution à un problème. Et nous pouvons toujours nous faire aider, pour y voir plus clair, sortir de la confusion dans laquelle nous sommes. Ainsi une personne extérieure, mais de confiance, peut avoir assez de recul pour nous guider.